Jürgen Habermas relit toute l’histoire de la philosophie
Excerpt:
"Non croyant, il demeure convaincu que la philosophie moderne doit suivre un cours "postmétaphysique" et non théologique, mais juge que les traditions religieuses peuvent rayonner audelà du cercle de leurs adeptes.
La foi et le savoir
Le premier volume étudie l’émergence de cet entrelacement. Habermas remet pour cela à l’honneur la théorie de l’"âge axial", déjà soutenue par le philosophe Karl Jaspers dans Origine et sens de l’histoire (Plon, 1954). Celleci veut que, dans une période comprise entre 800 et 200 av. J.C., une révolution spirituelle se soit produite, simultanément et de façon autonome, dans diverses parties du monde: l’invention du monothéisme, du bouddhisme, de la philosophie présocratique, etc. Ce terreau commun, suivi par l’adoption du platonisme par le christianisme, noue les liens entre la croyance et la raison, lesquels ne commencent à se desserrer qu’à partir du XVIIe siècle.
Dans la seconde partie, Habermas s’attache aux "traces" laissées par le compagnonnage de la foi et du savoir dans la philosophie moderne, de Hume, Kant, Hegel et les "jeunes hégéliens" (Feuerbach, Marx, Kierkegaard, qui rejette l’exigence d’absolu) jusqu’aux problématiques les plus contemporaines. Plus qu’une histoire, Habermas met ici en place une "généalogie". Les concepts philosophiques sont replacés dans le contexte sociohistorique où ils apparaissent, mettant en évidence que le processus d’apprentissage de la matière se confond avec celui de la société ellemême. La généalogie ne se réduit pas ici à une dénonciation des illusions, mais devient un outil d’élucidation aux mains d’un philosophe, certes conscient de la faillibilité de son discours mais qui entend ainsi rendre leurs lettres de noblesse à deux notions malmenées, la raison et le progrès."
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